KEN L'EX

L’ex était jaloux comme un pou. Ca se dit comme un pou ? Je suis pas fana des expressions toutes faites… La plupart du temps je les trouve ridicules et je les détourne ou j’invente les miennes qui sont toutes aussi débiles, mais elles sont à moi. Donc moi je dirai que l’ex était jaloux comme une vieille chatte… Fallait pas m’approcher. Fallait pas me parler de trop près. Fallait pas que je montre mes jambes si fines à 20 ans. Fallait pas que je regarde trop ailleurs que dans sa direction. Il paraît que c’était de l’amour. L’ex avait deux cibles favorites : Bernard Giraudeau et Seal. Il est vrai que je me pâmais volontiers devant ces deux mâles à chaque passage télé. Je reçus un jour l’interdiction d’écouter une interview de l’acteur aux yeux bleus. Une vraie dispute s’en suivit. Pour moi, l’enjeu n’était pas l’homme en lui-même dont je me moquais bien. Mais d’essayer de faire comprendre à l’ex que la jalousie est une prison. Rien à faire. Liberté. Respect des idées, des goûts, de la personnalité. Nous nous connaissions depuis peu, mais je sentis que le dialogue serait parfois difficile. Même scénario quelques années plus tard lorsque Seal apparut sur notre écran télé. J’avais compris depuis longtemps l’inutilité de ces querelles, mais parfois elles ressurgissaient. Toujours absurdes. Je m’épuisais parfois à tenter de démontrer des évidences, à essayer d’affirmer que ce qui était dans mon cerveau n’était qu’à moi. La liberté de penser… L’ex pouvait m’interdire tout ce qu’il voulait, jamais jamais il ne pénètrerait mon cerveau jamais jamais il ne pourrait faire taire mes idées. Elles m’appartenaient.

Maintenant je pense haut et fort. Je chante. Je regarde partout. Je donne. Je souris. Je viens de vois Ethan Hawke à la télé. Il est beau. Alors j’ai dit tout haut : «  Whaou qu’il est beau ce mec, trop sexy ». Y’avait personne pour m’entendre… c’était bien…